L’un des plus grands défis de notre époque est de trouver un équilibre entre le droit à la vie privée et la nécessité de prévenir les abus en ligne. Cette question qui a des répercussions concrètes est aussi vieille qu’internet lui-même. C’est aussi un problème que toutes les plateformes internet doivent prendre en compte, y compris Proton.
Le problème
Aujourd’hui, n’importe qui peut créer un compte sur Twitter, Facebook, Gmail, Proton Mail ou n’importe quelle plateforme en ligne et commencer à envoyer des messages haineux et de violentes menaces. Plus de 40 % des adultes américains ont subi du harcèlement en ligne selon une étude Pew Research(nouvelle fenêtre), et les formes les plus sévères de harcèlement, telles que les menaces de violence, deviennent malheureusement plus courantes. Ce cyberharcèlement peut prendre la forme de menaces odieuses et provoquer une véritable détresse chez les personnes qui en sont victimes.
Comment nous luttons contre les abus en ligne
Nous appliquons une politique stricte de tolérance zéro concernant les violations de nos Conditions d’utilisation du service, ce qui inclut l’utilisation de nos services pour des actes illégaux. En Suisse, où est basé le siège de Proton, les menaces de violence sont illégales, comme dans la plupart des juridictions, et nous suspendrons le compte de toute personne qui utilisera Proton Mail pour envoyer des menaces.
Nous mettons tout en œuvre pour prévenir les abus sur notre plateforme. Notre équipe de lutte contre les abus travaille 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour évaluer rapidement les signalements d’abus et, si cela se justifie, désactiver les comptes concernés.
Si vous recevez des menaces d’un compte Proton Mail, envoyez-nous des preuves de l’abus — y compris les en-têtes d’e-mail — à [email protected] ou remplissez notre formulaire de signalement d’abus.
Trouver et partager les en-têtes des messages
Utiliser un service respectueux de la vie privée comme Proton Mail ne donne en aucun cas une immunité juridique contre les poursuites judiciaires. De telles poursuites ont déjà eu lieu par le passé. Par exemple, en 2021, des menaces de mort ont été adressées au Dr. Anthony Fauci(nouvelle fenêtre) depuis un compte Proton Mail. En utilisant les données de Facebook, les enquêteurs ont trouvé un compte Instagram lié à cette adresse e-mail Proton Mail et ont identifié le coupable, qui a été condamné à trois ans de prison.
Très peu de cas de harcèlement en ligne font cependant l’objet d’une enquête par les services de police, et encore moins de poursuites judiciaires. Cela peut conduire à des appels de victimes exaspérées, ce qui est compréhensible, demandant aux plateformes en ligne d’en faire plus, y compris Proton Mail.
Renforcer la surveillance n’est pas la solution
Certaines personnes nous ont demandé si nous pouvions analyser les messages pour y déceler des menaces ou exiger des identifiants pour créer un compte afin de prévenir les menaces en ligne. Ces propositions peuvent malheureusement donner lieu à des abus encore plus graves.
Prenons tout d’abord l’idée d’analyser les messages. L’utilisation par Proton Mail du chiffrement de bout en bout compliquerait cette opération, mais mis à part cela, surveiller les discours est incroyablement difficile dans les meilleures circonstances, et les faux positifs ont souvent des conséquences désastreuses. Cela peut sembler insatisfaisant pour certains, mais le récent exemple de Google reportant un homme aux forces de l’ordre(nouvelle fenêtre) est instructif.
Un médecin a demandé à un père de lui envoyer des photos de l’aine enflammée de son enfant pour faciliter son diagnostic. L’outil automatisé de Google pour détecter les contenus pédopornographiques a analysé cette photo, l’a signalée comme abusive, a désactivé tous ses comptes et l’a signalé à la police en tant que délinquant pédophile. Tout indique qu’il s’agissait d’un père dévoué qui essayait de prendre soin de son enfant.
Il n’est pas difficile d’imaginer comment des mesures d’identification pourraient avoir des effets imprévus. Exiger une pièce d’identité pour créer un compte en ligne revient à rompre l’anonymat relatif dont les minorités, les victimes d’abus domestiques, les citoyens vivant sous des régimes oppressifs et toutes sortes d’autres personnes ont besoin en ligne. En fin de compte, cela conduirait à une expansion massive de la sphère de surveillance, ce que le gouvernement chinois a déjà mis en œuvre(nouvelle fenêtre) pour pouvoir surveiller les dissidents.
Si les entreprises peuvent examiner chacun des messages que vous envoyez ou vous relier à toutes vos activités en ligne, cela ouvre la voie à des abus considérables. Que ce soit Google partageant les données des manifestants de Hong Kong(nouvelle fenêtre) avec le Parti communiste chinois ou la peur de Facebook partageant des données pour poursuivre des avortements(nouvelle fenêtre), nous avons vu comment les gouvernements cherchent à tirer parti de la surveillance des géants de la tech pour faire appliquer des lois discutables. Il ne fait aucun doute que certaines personnes utiliseront de manière abusive les données relatives à la vie privée pour nuire à d’autres personnes. Mais il est tout aussi certain qu’une surveillance totale entraînera encore plus d’abus.
Dans de nombreuses régions, Proton Mail est le seul moyen de s’exprimer ou de communiquer en toute sécurité, sans craindre les représailles du gouvernement. Notre chiffrement nous empêche d’analyser les messages électroniques pour détecter les abus, tout comme il empêche quiconque de les lire. C’est pourquoi le ONU a recommandé que les citoyens birmans utilisent Proton Mail(nouvelle fenêtre) pour signaler les abus de la part de l’armée. C’est pourquoi Reporters sans frontières s’est associé à nous pour soutenir les journalistes travaillant dans des zones de conflit et sous des régimes répressifs.
Voilà pourquoi Proton a activement lutté en faveur de la réduction des moyens de surveillance, et nous avons considérablement progressé dans ce sens. En octobre 2021, nous avons gagné un procès devant un tribunal suisse qui limite les données IP que le gouvernement suisse peut demander aux fournisseurs de messagerie électronique.
Les abus ne sont pas tolérés sur Proton Mail
Nous nous engageons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher les abus sur Proton Mail et nous ne tolérons pas l’utilisation de nos services pour menacer d’autres personnes. Une surveillance constante n’est cependant pas la solution, sans compter qu’elle n’est pas possible en raison de notre chiffrement.
Au lieu de cela, nous nous engageons à prendre des mesures rapides pour tout abus qui nous est signalé, dans le but de faire de Proton Mail un environnement hostile à toute personne qui tenterait d’utiliser notre service à des fins illégales.
Il est intéressant de voir la façon dont les services postaux traitent cette question, la boite mail étant un courrier sous forme numérique. Vous pouvez envoyer une lettre de menace à toute personne dont vous connaissez l’adresse en déposant une lettre dans n’importe quelle boite aux lettres. Mais le service postal n’intercepte pas, n’ouvre pas et ne lit pas toutes les lettres qu’il traite. Ce serait une atteinte massive à la vie privée, donnant au gouvernement le pouvoir de commettre des abus encore plus graves.
Au lieu de cela, des enquêtes sont menées sur les lettres et les colis qui ont été signalés comme étant menaçants ou illégaux. Ce système n’est pas parfait. Des personnes peuvent encore recevoir des menaces, mais les agresseurs finissent par être arrêtés et nos droits à la liberté d’expression et à la protection de la vie privée sont protégés. Ce n’est pas idéal, mais comme la démocratie, c’est mieux que toutes les autres solutions connues.